Face à face

3 questions à Jérôme Sterpenich, vice-président des partenariats et de l’innovation de l’Université de Lorraine

Réservé aux abonnés 3 questions à Jérôme Sterpenich, vice-président des partenariats et de l’innovation de l’Université de Lorraine

Un an après sa création, Polaris, le Pôle universitaire d’innovation de Lorraine vient de tenir la première assemblée générale de ses partenaires mi-juillet à Pont-à-Mousson. L’occasion d’accélérer les mises en relation entre le monde universitaire de la recherche et les entreprises histoire de booster la dynamique d’innovation.





    «Aujourd'hui, ce dont on a besoin, c'est d'oxygène !»

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    En amont du 52e congrès de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui s’est déroulé le 27 juin à Marcq-en-Barœul (Nord), point d'étape avec son président, Pascal Boulanger, qui alerte sur la pérennité du métier, confronté à une baisse à la fois de l’offre et de la demande.

    Quels sont les tenants et les aboutissants de la crise de la promotion immobilière ?

    Il y a en fait trois crises. Le premier problème, c'est que si la demande repart, nous n'aurons pas assez d'offres. Le gouvernement dit que le logement est trop cher en France. Sauf que nous, nous sommes sur un marché technique, avec des prix de revient. On doit acheter des terrains, payer des architectes, des entreprises. Nous n'avons pas de marge de manœuvre pour baisser nos prix. Si par exemple un immeuble est 10 % trop cher à la vente, on se retire du marché, on ne fait pas l'opération, car la banque ne suit pas. Pour nous, la question est : «Est-ce que je fais ou est-ce que je ne fais pas ?». La deuxième crise, c'est celle de la demande, avec les taux d'intérêt élevés. On a beau proposer les logements les plus résilients au monde, on n'a personne pour les acheter. C'est la fameuse voiture de luxe que personne n'a les moyens de s'offrir. Aujourd'hui ce dont on a besoin, c'est d'oxygène. Celui-ci doit notamment arriver par une fiscalité avantageuse et par le desserrement des conditions d'octroi des prêts. La troisième crise - et c'est peut-être la plus embêtante -, c'est que comme on a beaucoup réduit nos volumes, nous sommes passés d'une année classique à 165 000 logements à 80 000 cette année. Donc, on réduit énormément nos embauches. Il y a même des PSE [plans de sauvegarde de l’emploi] chez de grands promoteurs.

    Le contexte politique actuel peut-il aggraver cette crise ?

    Avant l'annonce de la dissolution, on a senti une petite détente sur les taux d'intérêt, on était contents... Mais, c'est plutôt depuis les municipales de 2020 que nous avons un vrai problème d'offre. Tous les maires, plutôt bâtisseurs auparavant, se sont vus remplacés par des maires non-bâtisseurs en disant : «si vous votez pour moi, je ne construirai plus.» On l'a ressenti très violemment. En novembre 2022, les taux d'intérêt ont monté. On avait une offre faible, mais toujours trop élevée par rapport à une demande, qui n'existait plus. Aujourd'hui, c'est la double peine, la baisse de l'offre et la baisse de la demande. Donc, c'est un métier qui est en train de s'arrêter.

    Pourquoi avoir choisi «Urgence logement» comme thématique pour le 52e congrès de la FPI ?

    Il ne faut pas oublier que l'on fait un chouette métier. L'acte de construire est nécessaire, utile et noble. Vous avez vu les reportages avec des jeunes qui vivent dans les campings… On a choisi cette thématique, car nous pouvons la travailler avec le ministère du Logement. Aujourd'hui les maires n'ont plus envie de construire. C'est trop compliqué. Mais si on disait, par exemple : la ville réalise 100 logements par an, et à partir du 101e logement, elle reçoit un reversement de la TVA, ce serait gagnant-gagnant. L'autre proposition consiste à retravailler les prêts, notamment les prêts hybrides, qui permettent de mettre 80 % en amortissement et 20 % en remboursables in fine, à savoir à la fin du prêt ou quand vous vendez. Cela solvabiliserait 30 % de la clientèle. Et le prêt portable, qui permet de repartir avec son emprunt ou de le transférer à son acquéreur. Ce sont deux mesures qui ne coûteraient rien à l’État. Une mesure sur la demande que nous préconisons par ailleurs, c'est celle d’Édouard Balladur dans les années 1990, selon laquelle tout appartement neuf acheté est exonéré de droits de succession et de donation s'il devient la résidence principale.

    «Tous les maires, plutôt bâtisseurs auparavant, se sont vus remplacés par des maires non-bâtisseurs en disant : si vous votez pour moi, je ne construirai plus», assure Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers.

    «Aujourd'hui, c'est la double peine, la baisse de l'offre et la baisse de la demande. Donc, c'est un métier qui est en train de s'arrêter.»


    Propos recueillis par Marine TESSE






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